31 Mai 2010
L'acteur, réalisateur, poète, peintre et photographe américain Dennis Hopper est mort à 74 ans, samedi 29 mai, des suites d'un cancer de la prostate. Il s'est éteint en fin d'après-midi à son domicile de Venice, en Californie, entouré par sa famille, rapporte un de ses proches.
C' était un personnage haut en couleur. L'archétype du rebelle à Hollywood. Et ce bien avant même de devenir l'acteur abonné aux films cultes de ma génération. Tantôt en photographe déjanté dans le final d'Apocalypse Now ou dans ce rôle délirant de tueur sous acide que lui a offert David Lynch dans Blue Velvet en 1986. Affublé d'un masque à oxygène, il jouait terriblement le méchant lâchant cette réplique :
"Shut up! It's Daddy, you shithead! Where's my bourbon?" [ Ta gueule, moi c'est Papa, connasse... où est mon bourbon ? ]
Comment ne pas non plus se souvenir de son interprétation hallucinée dans True romance (1993)...
Bouseux débarqué à Hollywood, ami de James Dean qu'il avait rencontré sur le plateau de la Fureur de Vivre, Dennis Hopper a vite compris qu'Hollywood à la fin des années 50 n'était pas le lieu rêvé où la liberté de créer s'épanouit. Encore moins le lieu où l'on peut se construire, grandir en tant qu'artiste.
Réalisateur et acteur d'Easy Rider, symbole culturel de l'Amérique hippie, qui reçut le Prix de la Première œuvre au Festival de Cannes 1969 et devint rapidement un film culte.
Pas loin de 150 rôles différents pour cet acteur charismatique et intrigant. Il faut dire que Dennis Hopper s'est tourné tôt vers le cinéma. En 1954, il n'a que 18 ans quand il joue un rôle minuscule (et non crédité) dans Johnny Guitar de Nicholas Ray.
Car avec le temps, Dennis Hopper s'est construit un personnage à part entière de bad guy imprévisible. Déjantés, vicieux, obsédés, dangereux, certains des méchants qu'il interpréta entrèrent même au panthéon et il mettra son talent au service d'une poignée de films devenus cultes.
Dennis Hopper aurait pu se contenter de sa gueule d'ange et d'aligner les rôles de "fils du méchant" dans les films d'Hathaway et d'autres "monstres" hollywoodiens. C'était sans compter sur son irrésistible envie de créer et notamment celle de réaliser des films.
"J'étais désespéré à cette époque là, se souvient-il. Je coinçais les producteurs dans un coin et je leur demandais pourquoi est-ce que je ne réalise pas de films? Pourquoi est-ce que je ne joue pas? Mais personne ne voulait jouer avec un maniaque comme moi" comme le rapporte Peter Biskind dans son livre "Le Nouvel Hollywood".
Un désespoir qu'il noyait régulièrement dans l'alcool et autres drogues et qui finissait par le faire passer pour quasi-fou pour beaucoup. Y compris ses amis et sa famille.
Mais cette envie absolue de créer lui a permis de diriger en 1968 Easy Rider et d'y jouer le personnage de Billy. Enfin... diriger est un bien grand mot tant la réalisation du film est devenue l'une des icônes de la génération 68.
Easy Rider est un film réalisé dans une liberté complète et qui remporta un succès inattendu et angoissant pour l'industrie tant il représentait une "insulte jetée à la face du monde respectable et de l'establishment cinématographique", la quintessance de l'esprit d'indépendance, de cette esprit sauvage qui caractérise autant l'époque que son auteur.
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