16 Décembre 2010
" Il y a une évidence du parfum qui est plus convaincante que les mots, que l'apparence visuelle, que le sentiment et que la volonté. L'évidence du parfum possède une conviction irrésistible, elle pénètre en nous comme dans nos poumons l'air que nous respirons, elle nous emplit, nous remplit complètement, il n'y a pas moyen de se défendre contre elle."
Jean-Baptiste Grenouille "génial", peut-être, mais déshumanisé, laid, pathologique, a eu une enfance malheureuse et semble voué à un triste sort. Elevé sans famille, sans amour, la vie lui a seulement donné un nez enregistrant toutes les senteurs du monde.
L'odeur des jeunes filles et son travail chez un parfumeur vont lui donner l'envie machiavélique de créer le parfum qui lui permettra de devenir le maître des Hommes.
C' est un homme dépourvu de tout sentiment du bien et du mal. Il est habité par une âme limpide, vide de toute émotion. Il ne vit que par l'odeur, les phéromones, les arômes. Sans cette dimension, il ne serait rien. Il n'a aucune odeur qui lui est propre, ce qui effraie les gens qui le rencontrent et le côtoient tout au long du roman. Cette absence d'arôme lui permet de passer totalement inaperçu auprès des gens.
Cette absence d'odeur, dont il ne se rend compte lui-même que très tardivement, sera compensée par la création de parfums créés à partir d'odeurs humaines plus qu'attrayantes, qui lui permettront d'être remarqué par les autres. Il a un odorat excessivement développé qui lui permet de reconnaître les odeurs les plus imperceptibles et ainsi décortiquer chaque odeur en segments d'arômes
" C'est un étrange parfum que Grenouille créa ce jour-là. Le monde n'en avait jamais connu de plus étrange. Il ne sentait pas comme un parfum, mais comme un homme qui sent. Si l'on avait senti ce parfum dans une pièce obscure, on aurait cru qu'il s'y trouvait un second être humain. "
Ce livre "pue"...
Dès la première page du livre, notre odorat imaginaire est attaqué. Chaque page est une vague olfactive, un miracle de verbe de mots pour retranscrire les odeurs.
Jamais un livre ne m'a à ce point laissé béat devant le talent de l'auteur. Privé d'un vocable inexistant pour les odeurs, Süskind, en maestro olfactif, décrit avec brio les odeurs qui entourent ce truculent personnage qu'est Jean Baptiste Grenouille. Par des images, des mises en scènes de quelques mots à l'équilibre subtil, Süskind arrive à décrire des odeurs, à nous les mettre sous le nez.
C'est une plongée dans l'odorat sans fin que de lire "Le parfum", et on ne peut s'empêcher, une fois le livre refermé, de tendre notre museau pour tenter de capter quelques fragrances environnantes et de poser nos propres mots dessus.
A lire invariablement...
bY uGO