21 Décembre 2012
Cette analyse est extrait du livre "Les violences sournoises dans le couple" (édition Robert Laffont). Il donne un aperçu des comportements que l'on peut qualifier de « passif-agressif », avec en parallèle les difficultés que cela engendre pour le partenaire. Les nombreuses causes possibles sont seulement listées ici.
Tous ou toutes, à un moment ou un autre, nous avons adopté un comportement que l’on peut qualifier de « passif-agressif », dans la mesure où, par notre silence, notre indifférence affichée, notre éloignement, nous avons ignoré consciemment ou inconsciemment le besoin d’être en relation de notre partenaire. Cette attitude témoigne souvent d’une colère qui est ruminée au lieu d’être exprimée, d’un repli sur soi à la place d’une communication franche. Cette façon de réagir à la contrariété ne tient nullement compte des attentes d’authenticité de l’autre. Au sein d’une relation amoureuse, cette sorte de passivité est tout particulièrement vécue comme un manque d’attention, une négligence qui blesse. Dans le sens où la souffrance et l’irritation qu’elle engendre sont même parfois reprochées à la personne, où une absence de culpabilité fait place à un renversement de rôle, on peut parler de violence psychologique. Lorsque ces comportements deviennent répétitifs et s’impriment comme un mode de fonctionnement habituel, on n’est plus en présence d’un comportement problématique mais plus probablement d’un trouble de la personnalité.
Ce problème peut conduire un couple à la rupture alors que toutes les chances étaient réunies pour qu'il prospère.
Il serait bien trop réducteur d'attribuer les causes de ce mode de fonctionnement à un manque d'amour, l’enchaînement des actions de l’un et des réactions de l’autre participe au maintien, voire aggrave, les conflits au sein du couple.
"Il s'en produit une phobie de l'engagement "[...] Il veut s'abandonner à l'amour mais il n'y arrive pas. En même temps qu'il désire vivre cette intensité sentimentale, il craint de souffrir ce qui pour lui n'est pas une chose éventuelle mais un danger probable qui freine tout investissement affectif de soi. [...]" (idem)
"un désordre narcissique" "[...] Dans le secret du silence, plutôt que d'être mutilé, le sujet mutile. C'est au désir qui pourrait donner à l'autre une certaine importance dans son existence qu'il essaie d'échapper. [...]" (idem)
"des défenses perverses" : l'induction intersubjective, la déprédation morale, la disqualification du lien créé, la perplexité et la confusion, la paradoxalité.
Aimer implique d'être actif, d'aller au-delà des apparences et de chercher à connaître l'autre. Voilà le piège dans lequel tombe la compagne du passif agressif lorsqu'elle tente de le comprendre et qu'elle lui offre de confronter ses suppositions, ses interrogations ou ses hypothèses et qu'elles résonnent chez lui mais qu'au lieu d'une prise de conscience salvatrice pour le couple, cela ne fait que renforcer les résistances.
Donner au sujet passif-agressif une interprétation de ses comportements est dangereux et génère une spirale infernale pour plusieurs raisons. En effet, c'est rentrer dans une intimité si grande avec lui qu'elle pourrait être insupportable, tellement il redoute de perdre à nouveau le contrôle. Il peut le ressentir comme une dépossession de soi, avec le risque que cette déplétion narcissique entraîne une lutte à ce niveau et qu'il devienne en quelque sorte vital, pour colmater les brèches, de prouver à l'autre qu'il est dans l'erreur, qu'il n'a rien compris. C'est comme si pour se préserver il fallait en permanence se soustraire à l'autre, ne jamais être découvert car cela signifierait être à la merci de l'autre et non pas simplement aimé de l'autre.
On peut aussi penser que ces sujets peinent à occuper la position "et si c'était vrai ou juste..." qui permet d'adopter un autre point de vue, d'éventuellement douter de soi et de changer. Ils s'accrochent à des positions objectivantes, réalistes et concrètes. Des faits tangibles ils tirent des vérités qui concernent la sphère intra-psychique, sans s'ébranler de cette confusion de registre.
Il faut privilégier à tout prix la communication non violente, c'est-à-dire celle qui a pour but de décrire votre ressenti, face à un comportement précis et d'émettre des propositions de solution. Ce n'est pas la personne qui est en cause mais sa façon d'agir.
Par contre, face à une personnalité perverse ou présentant des traits pervers de façon prononcée, une démarche commune est à proscrire totalement. Partir du principe qu'une relation de couple se construit à deux et que si elle va mal il est bon de s'en occuper ensemble n'est donc pas toujours valable. S'il est trop tard pour entrevoir une issue à deux mais que vous avez pris conscience de vos travers et de votre responsabilité dans cet échec sentimental, il est quand-même temps de comprendre ce qui se passe en vous et de s'investir dans la démarche et de votre honnêteté avec vous-même avant tout.