20 Octobre 2009
We want Miles (titre d'un de ses albums) résonne comme un appel et un désir, a Vincent Bessières, commissaire de l'exposition. Un appel à redécouvrir la musique de cet artiste, le désir de cerner ce personnage qui est LA grande légende du jazz, charismatique, très ambigu, dont la complexité est liée à une ambition personnelle très forte".
Films inédits ou rares, partitions manuscrites, un ensemble exceptionnel de trompettes et d’instruments de ses compagnons de route, documents originaux liés à la réalisation de ses albums, costumes de scène, pressages d’époque de ses grands disques, ainsi que de très nombreux clichés pris par les plus grands noms de la photographie.
La scénographie rend hommage à la musique en disposant tout au long du parcours des "sourdines". Ainsi nommés en référence à la sonorité si singulière que Miles Davis tirait de cet accessoire, ces espaces de forme ovoïde sont de petites chambres d’écoute qui ont été conçues pour permettre au public de découvrir dans de bonnes conditions les œuvres les plus emblématiques de l’artiste.
Miles Davis (1926-1991), trompettiste autodidacte, fût à la pointe de beaucoup d'évolutions dans le jazz et s'est particulièrement distingué par sa capacité à découvrir et à s'entourer de nouveaux talents. Son jeu se caractérise par une grande sensibilité musicale et par une fragilité qu'il arrive à donner au son. Il a marqué l'histoire du jazz et de la musique du XXe siècle. Beaucoup de grands noms du jazz des années 1940 à 1980 ont travaillé avec lui. Miles est un éternel insatisfait. La face autodestructrice de son comportement prend le pas sur son existence. Il connaît des ennuis avec l'alcool et son addiction à l'héroïne devient envahissante.
En mai 1949, le tout jeune Miles Davis (23 ans), déjà fougueux et légitimé par ses prestations avec Charles Mingus, Charlie Parker, ou encore Dizzie Gillespie, effectue son premier voyage à l'étranger. Au festival international de jazz de Paris, à l'incontournable salle Pleyel de la rue du Faubourg Saint-Honoré, il croise et captive l'intelligentsia de l'époque : Jean-Paul Sartre, Boris Vian, Pablo Picasso et... Juliette Gréco. Une passion foudroyante naît, qui, malgré ces temps où les unions "mixtes" étaient tout simplement prohibées aux Etats-Unis, augure d'un mariage. Mariage qui n'aura pas lieu et laissera leur idylle de quelques jours orpheline, Miles, qui eut là pour la première fois l'impression d'être "traité comme un être humain", se refusant à condamner sa Juliette à la vie d'une femme de Noir aux Etats-Unis... « C'était mon premier voyage à l'étranger, et il a changé à jamais ma vision des choses, J'adorais être à Paris, j'adorais la façon dont on me traitait. [...] C'est là que j'ai rencontré Jean-Paul Sartre, Pablo Picasso et Juliette Gréco. Je ne m'étais jamais senti aussi bien de ma vie. » Juliette Greco dit de son histoire d'amour impossible avec Miles Davis : "Nous étions deux bêtes sauvages"...
Il reviendra à Paris sept ans plus tard, en 1956, pour une tournée européenne. Il en improvisera la musique d'une traite dans la nuit du 4 au 5 décembre : la légende d'« Ascenseur pour l'échafaud », de Louis Malle, vient de naître.
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