26 Juin 2009
LA MORT, MAIS QU'EST CE QUE LA MORT?
La séparation de l'âme et du corps, certes. Mais cela est très théorique, temporel, et donc ne nous avance pas ...
Qu'est-ce que la mort si ce n'est le passage vers une autre vie, une autre dimension, le retour vers notre demeure, la seule vraie. On pourrai penser que ce n'est pas la mort qui me fait peur, mais la souffrance”. On ne peut pas avoir peur de la mort parce qu'on ne sait pas ce que c'est. ...
Extraits deLa mort, de Jankélévitch (1977)
La " pensée " du rien est un rien de la pensée, le néant de l’objet annihilant le sujet : pas plus qu’on ne voit une absence, on ne pense un rien ; en sorte que penser le rien, c’est ne penser à rien, et c’est donc ne pas penser. La pseudo-pensée de la mort n’est qu’une variété de somnolence. "
la mort n’est pas à proprement parler une expérience que je désespérerais de vous transmettre : elle est bien plutôt ce que personne n’a jamais éprouvé, ce dont personne n’a personne ne détient le secret de la mort. "
" On sait que la mort arrivera, mais comme on ne sait pas ce qu’est la mort, on ne sait pas, en somme, ce qui arrivera ; et de même qu’on ne sait pas quand, on ne sait pas non plus en quoi consiste ce qui va arriver, ni davantage si ce qui va arriver " consiste " en quelque chose (…) le fait de la mort est certain, mais il s’en faut de beaucoup qu’il soit clair … "
" Mystérieuse et pourtant problématique, la mort est le mystérieux problème auquel il manque toujours une détermination pour être vraiment objet de pensée ; ou ce qui revient au même : la mort est le mystère problématique dont nous prenons par la pensée inépuisablement conscience.
La mort joue à cache-cache avec la conscience: où je suis, la mort n'est pas; et quand la mort est là, c'est moi qui n'y suis plus. Tant que je suis, la mort est à venir; et quand la mort advient, ici et maintenant, il n'y a plus personne. De deux choses l'une: Conscience, ou présence mortelle! Mort et conscience, elles se chassent et s'excluent réciproquement, comme par l'effet d'un commutateur... Impossible de cumuler ces contradictions ! il suffit de comparer les derniers moments de Socrate, racontés par Platon, et les derniers moments de Nicolaï Levine, racontés par Tolstoï, pour sentir toute la différence qui sépare la contemporanéité abstraite, intemporelle et impersonnelle, et la contemporanéité flagrante: dans le Phédon des disciples attentifs à la seule vérité, dans Anna Karénine la proximité de l'événement mystérieux qui va clore pour toujours et tragiquement une destinée, et dont l'écrivain essaie de surprendre la venue.
Vladimir Jankélévitch, La mort
By Ugo