27 Novembre 2009
La progression du soja souligne une nouvelle tendance dans la déforestation, ou tout au moins un dédoublement. Dans les années 1970 et 1980 on peut affirmer que le déboisement était motivé essentiellement par la spéculation foncière ou l'activité de subsistance des petits propriétaires.
Entrés en Amazonie légale pour profiter de la productivité végétale élevée (à la différence des éleveurs, pour qui la motivation fut avant tout foncière, même si la forte productivité des pâturages a fini par devenir une raison importante), leur activité est tout bonnement frénétique: entre 1990 et 2002, l'État du Mato Grosso a bondi du troisième au premier rang des producteurs de soja brésilien, multipliant sa production par quatre et atteignant près de 12,7 millions de tonnes en 2002 — soit près de 7% de la production mondiale. Au vu de la performance du Brésil sur le marché mondial du soja et des revenus ainsi engendrés, les perspectives sont d'une progression résolue en direction de la forêt dense.
La déforestation, en grande partie, est donc désormais le fruit d'une claire rentabilité économique et non plus la conséquence de manoeuvres politiques locales.
Le gouvernement du président Lula d'un côté, fait largement entrer les représentants des mouvements écologistes au ministère de l'Environnement et prône une politique centrée sur le «développement durable» en Amazonie et, de l'autre, il donne son plein appui à la culture du soja, grande pourvoyeuse de devises dont le Brésil a besoin.
Cette implantation se fait de manière à maximiser la productivité, et n'a pas encore enregistré de revers majeur comme ce fut le cas des tentatives précédentes. Elle bénéficie du dynamisme du Brésil en matière agricole et constitue une source importante de devises pour le pays.
Greenpeace et WWF se battent quotidiennement, pour que les forêts ne soient plus sacrifiées aux intérêts marchands: plantations d'huile de palme, industrie du bois, agro-carburants, élevage bovin... La forêt est quotidiennement détruite au nom de logiques financières à court terme.
http://www.greenpeace.org/france/campagnes/forets
La motivation économique du déboisement est double. D'abord, alimenter le commerce du bois et répondre à la demande mondiale en produits-bois (parquets, matériaux de construction, papier, etc.). Les zones forestières sont éventrées pour faciliter l'accès aux essences rares, couper les arbres, transporter ce qui peut être vendu, laisser se décomposer ou brûler ce qui ne peut pas l'être. Les forêts tropicales et boréales fournissent ainsi les gros importateurs que sont l'Union Européenne, les Etats-Unis, le Japon et la Chine. Le butin du pillage des forêts se retrouvent dans nos magasins, nos bureaux, nos maisons sans que nous ayons conscience du prix payé par l'environnement pour notre confort matériel.
L'industrie agro-alimentaire est l'autre grand responsable de la déforestation. On y plante des palmiers à huile, du soja. On y élève des bovins. Les géants de l'industrie agro-alimentaire (Cargill, Unilever, Nestlé, Procter & Gamble…) trouvent ainsi de nouvelles ressources pour faire tourner leurs usines et alimenter le marché des produits alimentaires, des cosmétiques, des détergents et des agrocarburants.
Quelle que soit la destination de ces nouvelles cultures, la forêt recule au nom de logiques financières indifférentes aux conséquences environnementales et sociales de cette déforestation.
Ce pillage des ressources forestières par les industriels ne pourrait se faire sans le soutien des pouvoirs politiques et une corruption généralisée.
En Indonésie, le gouvernement mène une politique désastreuse de soutien à l'industrie de l'huile de palme et de la pâte à papier. En République Démocratique du Congo, la corruption et l'instabilité politique ont permis aux industriels du bois d'étendre leurs concessions en toute illégalité. Au Brésil, le gouvernement subventionne l’extension des immenses élevages bovins qui font partir en fumée la forêt amazonienne. La corruption y permet aux exploitants illégaux de bois d’exporter en toute impunité leur butin. (source Greenpeace)
VIVE LE CAPITALISME.
Pour nous consommateurs il existe deux solutions :
- acheter du bois éco-certifié sous label FSC. http://www.wwf.ch/fr/lewwf/notremission/forets/fsc/
- acheter du papier recyclé
Le saviez-vous ? En Amazonie, le développement des activités humaines répond à la demande internationale de produits bruts. Les exportations de bœufs brésiliens sont liées aux marchés financiers et au Real, la monnaie brésilienne. Lorsque le real est dévalué, le prix du bœuf augmente, encourageant les éleveurs à étendre leurs pâturages. Lorsque le prix du bœuf en dollar diminue, les exportations deviennent plus compétitives sur les marchés internationaux. Lorsque le real est renforcé, les exportateurs se battent pour garder leur part de marché. (source WWF) |