6 Janvier 2014
Le Bayon est le temple-montagne du roi khmer : Jayavarman VII (1181-1218), le vainqueur des Chams et le plus grand constructeur des rois khmers. La construction du Bayon a commencé vers 1195.
Comme temple d'Etat, il était au centre d'Angkor Thom, la capitale du royaume. C'est un temple "œcuménique " qui associe l'hindouisme (les dieux Shiva et Vishnu y sont largement présents) et le bouddhisme car le Roi était lui-même bouddhiste du grand véhicule : Mahâyâna. Le Roi et la famille royale étaient représentés dans le Bayon sous forme de bouddhas dans les chapelles entourant la grande tour centrale.
Selon Hy Sanh, le mot Bayon viendrait de "Ba" sacré et de "Yantra" diagramme ou représentation magique de l'univers. Le Yantra est l'équivalent du mandala bouddhiste, ce qui est compréhensible tant l'architecture khmère est une "architecture-image" traduisant les conceptions de l'univers de l'époque (selon Thierry Zéphir dans l'Empire des rois khmers, Gallimard 1997). Le temple-montagne est en effet la représentation symbolique du mont Meru, la montagne cosmique de mythologie hindoue.
Hy Sanh indique aussi que "Bayon est la simplification populaire du mot sanscrit "Bejàyont" : palais du Dieu Indra. Cette dernière interprétation est plus étonnante car le Bayon est identifié comme un temple bouddhiste. Mais à ce sujet, la réalité est plus complexe. T. Zéphyr cite une interprétation de J. Boisselier selon laquelle le Bayon serait une "allusion à la Salle du Bon Ordre, Sudhammasabhâ, dans la cosmologie bouddhique". Dans cette hypothèse, "les visages seraient ceux des Brahmâ Sanakumarâ qui transmettent l'enseignement du Bouddha à toutes les divinités bouddhiques mais aussi hindoues périodiquement réunies dans cette salle". Angkor Thom serait la réplique sur terre de la ville d'Indra, le roi des dieux, au centre de laquelle cette salle (le Bayon) a été édifiée.
Cette interprétation savante est à rapprocher de la remarque, selon laquelle le culte des dieux fut pleinement intégré dans la pratique du Bouddhisme. Les Ecritures du Theravada décrivent de nombreux moments de la vie du Bouddha où interviennent nombre de "devas" faisant partie de la hiérarchie d'être suprahumains acceptés à l'époque mais qui restent néanmoins inférieurs au Bouddha.
Chaque tour est ornée de quatre grands visages orientés vers les quatre points cardinaux. Ces visages pourraient donc représenter le Bodhisattva Avalokiteshvara ou bien Brahma (Phrom en cambodgien) selon l'interprétation retenue.
Les représentations du Bouddha ont été martelées et les statues bouddhistes détruites lors des guerres de religions sous le règne de Jayavarman VIII, quelques unes restent néanmoins reconnaissables.
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ARTIST photographer : bY uGO
bAYON - Angkor Wat - Cambodia
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