31 Mai 2009
Par une nuit d'hiver, dans la ville de Tolède, une jeune femme, Pilar, s'enfuit de chez elle en emmenant son fils. Antonio, son mari, la poursuit, veut la ramener à la maison, lui promet de changer, de ne plus être violent. Rien n'y fait, Pilar a pris sa décision. Il va alors tenter de la reconquérir et de maîtriser ses accès de colère qui immanquablement débouchent sur de la violence physique. Thérapie de groupe, retour sur soi, Antonio veut guérir. Mais pendant ce temps, Pilar va trouver loin de son époux un nouveau sens à sa vie.
Iciar Bollain signe un film magnifique et bouleversant avec comme toile de fond une femme battue et humiliée par son mari . Si ce film a remporté 7 Goyas (l'équivalent espagnol des Césars) ce n'est pas un hasard et on ressort de la salle les tripes retournées.
Ce film signale surtout l’ampleurs des violences conjugales en Espagne où 1 femme sur 3 est battue, et le gouvernement Zapatero a fait de l’éradication de ce fléau sa priorité absolue. Le machisme restant très ancré dans la société espagnole et continue d’être transmis d’une génération à l’autre.
10,7 % des hommes pensent que, si une femme est maltraitée, c’est qu’elle l’a mérité ...
En France, chaque année, 4 millions de femmes sont agressées par leur partenaire. La violences conjugales ne sont reconnues comme telles et punies par la loi française que depuis 1994. Actuellement en France, au moins 6 femmes meurent chaque mois sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint. C’est d’ailleurs la première cause de mortalité des femmes de 16 à 44 ans.
Cette situation au sein des familles Espagnoles, Françaises, mais aussi Européennes [12], est tristement représentative d’un phénomène universel : un récent rapport de l’ONU assure qu’une femme sur trois dans le monde est victime de mauvais traitements ou d’abus de la part d’un proche. Bref, dans le monde, 70 % des femmes assassinées, le sont par leur partenaire masculin (OMS). La violence contre les femmes à travers le monde est telle, qu’Amnesty International parle de scandale planétaire et tire la sonnette d’alarme en lançant une campagne exceptionnelle de deux ans : Halte à la violence contre les femmes.
La source de tous ces conflits reside avant tout dans un manque d'éducation et de dialogue, mais aussi dans une forme d'insécurité. Depuis les années 60, les femmes sont devenues plus indépendantes et ont pris plus de place dans la société moderne. Devant leur incapacité à gérer une nouvelle situation avec intelligence, les hommes ont trouvé comme refuge cette violence machiste.
La plupart des actes de violences sont un signe de faiblesse et de frustration, d'insécurité et d'orgueil chez les hommes qui les commettent, auquel se mélange une capacité de domination physique ou verbale et le sentiment qu'ils devraient être supérieurs et «maîtres» de la situation.
Souvent les gens associent cela a un acte passionnel qui n'en est surtout pas un! A defaut de pouvoir contrôler, ils en deviennent violents.
Mais quelle est la place de l'amour dans tout cela?
La violence faite aux femmes prend toute une série de formes qui vont de l'agression physique et sexuelle aux mauvais traitements psychologiques ou affectifs.
Très souvent les femmes n'osent pas dénoncer cette violence de peur de représailles sur les enfants du couple: elles se sentent coupables et responsables de l'échec du couple et de la situation de violence.
Sans contrôle, cette violence gratuite a des conséquences insoupçonnées. Un tel acte place les victimes dans une situation psychologique stressante et conflictuelle, partagées entre amour et haine, union et séparation, vie de couple et solitude, mari et enfant, etc, à laquelle s'ajoutent parfois des problèmes socio-économiques (problèmes de santé, problèmes administratifs, perte de revenu, etc) qui ne rendent pas la décision plus facile.
La victime se pose en effet la question de savoir si elle doit rester et continuer à endurer cette violence et subir ce stress au quotidien pour préserver son couple, ses enfants, son "bien-être" et parfois sa seule ressource financière, ou tout plaquer mais pour se retrouver seule et peut-être à la rue si elle ne travaille pas, avec toutes les tracasseries administratives à la clé.
Le divorce est l'événement le plus redouté des couples après la mort d'un proche, suivi par la perte de son travail. La violence conjugale est devenue un problème de société qui est encore trop souvent tabou, raison pour laquelle nous devons en parler pour délier les langues et sensibiliser tous les acteurs, les agresseurs potentiels, les victimes mais également les médecins à cette problématique, afin de les aider à reconnaître les événements pouvant déclencher des violences congugales et les symptômes qui en résultent.
Dans près de 70 % des cas, ces actes de violence se déroulent devant les enfants, et ils les concernent directement dans 10 % des cas, avec des séquelles physiques et psychologiques comparables à celles observées chez leur mère.
"la violence dont l’enfant est témoin a les mêmes effets sur lui que s’il en était victime [et] ses enfants sont susceptibles de reproduire la violence, seul modèle de communication qu’ils connaissent"...
Un enfant qui est issu d'une précédente union peut également être la source de conflits, et d'autant plus s'il est capricieux ou manque d'éducation.
La grande majorité des agresseurs sont alcooliques (80 %) ou encore des hommes victimes d’abus durant l’enfance.
. Plusieurs facteurs favorisent le développement de l'agressivité. "Quelle que soit la personnalité de l’agresseur, certains facteurs sont reconnus comme déclenchants : la jalousie, la séparation, le divorce, la mise au chômage récente du partenaire, la précarité, la grossesse, la naissance d’un enfant" .
Les classes plus aisées sont pratiquement autant concernées. Cette violence s’observe également chez les cadres, notamment parmi "les hommes autoritaires, investis de fonctions de commandement".
De façon générale, comme dans toute vie de couple, la violence envers les femmes trouve souvent son origine dans le passé et notamment la jeunesse du partenaire masculin et sa culture. La rupture du couple qui s'ensuit trouve aussi son origine dans l'éducation des partenaires et leur manque de dialogue, des facteurs souvent annonciateurs de conflits potentiels.
En effet, au lieu d'aplanir les conflits en cherchant une solution et éventuellement un compromis, chacun garde pour soi les griefs ou les remarques qu'il porte à l'encontre de son partenaire de crainte de sa réaction, de le décevoir ou de le perdre.
By Ugo